L’exode des déchets corses incinérés en Paca : la solution du pis-aller

21 000 tonnes de déchets corses seront incinérés en région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Dans un communiqué, les associations France nature environnement Paca et U Levante s’alarment. Cette pratique relève d’une solution de court terme qui n’est pas sans impact sur l’environnement. ll est impératif de changer les comportements de l’ensemble de la chaîne de production / consommation.

COMMUNIQUÉ 26 AVRIL 2020. FNE – LEVANTE
Confrontée depuis plusieurs années à une crise des déchets, la Corse a récemment passé un marché “d’urgence impérieuse” qui prévoit l’incinération de 21 000 tonnes de déchets dans 3 incinérateurs de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Les associations U Levante et France nature environnement Provence-Alpes-Côte d’Azur s’alarment de cette pratique qui ne fait que repousser l’échéance d’un problème bien connu.

La problématique des déchets en Corse ne date pas d’aujourd’hui

La Corse est la deuxième région la plus productrice de déchets ménagers et assimilés (DMA) par habitant, après la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Elle en produit 687 kg/hab./an contre une moyenne nationale de 572 kg/hab./an, soit 20 % de plus. Cette production élevée de DMA par habitant s’explique en partie par le fait qu’elle est rapportée aux 330 000 résidents corses permanents, sans tenir compte des 3 millions de touristes annuels. La Corse est, par ailleurs, confrontée à une grave crise d’exutoires de traitement des déchets qui l’oblige à stocker ses déchets ménagers sous la forme de balles entourées de plastique : en 5 mois, 21 000 tonnes se sont ainsi accumulées sur l’île…

Une solution à court terme

Pour sortir de cette crise, et dans le contexte du covid-19, le Syvadec (Syndicat public de valorisation des déchets corses) a eu recours à un marché d’urgence impérieuse (donc sans procédure d’appel d’offre). Ce marché prévoit l’export puis l’incinération des 21 000 tonnes de balles de déchets à Fos-sur-Mer, Vedène et Nice. Du fait du transport maritime induit, cette solution n’est pas “sans impact sur l’environnement”, comme l’indique la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur dans un communiqué en date du 15 avril 2020. Surtout, elle fait fi du principe de proximité prévu dans le code de l’environnement et mis en avant dans son Plan Régional de Prévention et de Gestion des Déchets (PRPGD), plutôt volontariste, approuvé il y a 6 mois.
Transport des balles à incinérer

Un déficit d’exutoires en Provence-Alpes-Côte d’Azur

Si la Corse a des difficultés à gérer ses déchets, les territoires de Provence-Alpes-Côte d’Azur ne sont pas en reste. Le confinement a certes entraîné une baisse des déchets produits et laissé temporairement “de la place”, mais globalement, notre région souffre d’un déficit en la matière et peine à absorber les déchets qu’elle génère. Cet exode de déchets corses rappelle celui de novembre 2019 où 500 tonnes de déchets, également emballés sous plastique, avaient traversé la France depuis Le Broc (Alpes-Maritimes) jusqu’à Labeuvrière (Pas-de-Calais) pour être incinérées.

Faire de la Corse et de Paca des territoires exemplaires

C’est d’un sursaut écologique qu’ont besoin nos deux régions, à l’instar de la communauté de Communes de Thann-Cernay en Alsace. Pour éviter la construction d’un 3e incinérateur, ce territoire s’est engagé vers le zéro déchet et a réussi à faire baisser de 60 % sa production de déchets ménagers en 10 ans.

Concernant la Corse, l’insularité peut être un handicap pour trouver des solutions d’exutoires, mais représente également une opportunité pour la mise en place de dispositifs de réduction des déchets : la situation sanitaire catastrophique que nous vivons ne doit en aucun cas exonérer la Corse de la mise en place d’une politique ambitieuse à ce sujet. Le programme 2016-2020 de prévention du Syvadec, limité à quatre actions, apparaît clairement bien en deçà des enjeux de ce territoire.

Quant à la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, c’est l’ensemble des collectivités territoriales qui doivent se donner une vision ambitieuse et à la hauteur des objectifs de réduction annoncés dans le PRPGD, notamment à travers l’adoption de programmes de prévention (PLPDMA).

Plus globalement, il est impératif de s’orienter vers un changement des comportements de l’ensemble de la chaîne de production / consommation.

COMMUNIQUÉ DE PRESSE 26 AVRIL 2020. France nature environnement Paca et U Levante

Vous aimerez aussi...