Bonne élève pour la tarification incitative, la Vendée s’illustre comme mauvais exemple pour le tri mécano-biologique

Si la Vendée s’illustre en bon élève et exemple à suivre en matière de tarification des déchets, on gardera recul et esprit critique quant au mode de traitement par TMB.

L’Ademe et l’Office de l’environnement de la Corse ont organisé le 22 mars 2017 au palais des congrès d’Ajaccio une journée à l’attention des collectivités de l’île, consacrée au mode de tarification du service des déchets. Zeru Frazu se réjouit de la tenue de la journée régionale intitulée « Coût et financement du service public de prévention et de traitement des déchets : vers la tarification incitative ».

Manifestement nos propositions font leur chemin

Depuis des années Zeru Frazu met en avant le principe de la tarification incitative. Partout où elle est mise en œuvre, celle-ci se révèle un stimulant efficace du geste de tri et un puissant levier pour réduire les coûts et les quantités de déchets. L’intervention des élus de Vendée, notamment de la Communauté de communes Terres de Montaigu, référence nationale en la matière, était particulièrement intéressante et inspirante. Toutefois la présence du Trivalis, Syndicat mixte de traitement des déchets de Vendée, laisse perplexe…

Quelle est la vraie raison de cette rencontre ?

La présence en Ajaccio du président du Trivalis et de son directeur (1) pose en effet question, pour deux raisons :

  1. Le Trivalis fait partie des syndicats de traitement des déchets qui ont opté pour la construction d’installations industrielles de TMB  et par conséquent tourné le dos à la collecte et au traitement séparé des biodéchets.
    A l’expérience, le tri à la source des déchets alimentaires est le seul moyen rentable de produire un compost de qualité valorisable. C’est un levier incontournable pour maîtriser les coûts de transport et de traitement.
  2. Le choix stratégique du TMB par le Trivalis, qui date d’une dizaine d’années est aujourd’hui dépassé – Article Le Canard Enchaîné 16.02.2011. En effet, depuis le 17 août 2015, la loi de Transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) fait obligation aux collectivités de généraliser d’ici à 2025 les solutions de tri à la source des biodéchets pour tous les habitants, là où le compostage individuel ne peut être déployé.

En matière de tarification incitative l’expérience de Montaigu figure sans conteste parmi les pionnières. Mais par ailleurs le Trivalis, contraint à l’abandon d’un incinérateur, dispose pour une population d’environ 665 000 habitants de deux usines de TMB (5 étaient prévues à l’origine), exploitées respectivement par Veolia et Urbaser. Le syndicat est également porteur d’un nouveau projet d’unité de préparation de combustibles solides de récupération (CSR). Ces combustibles vont-ils alimenter de futures chaudières ? Le TMB coûteux et inefficace entraîne le recours à d’autres nouvelles installations industrielles, pour revenir… à l’incinération. « Lobby quand tu nous tiens ! »

Au moment où la Capa, Communauté d’agglomération du Pays ajaccien, est en négociation avec l’Ademe (2) et la Collectivité territoriale de Corse, sur le projet de construction d’une installation de TMB, la venue d’une délégation du Trivalis et du président national de l’Ademe peut apparaître comme une tentative d’anticiper le contournement des dispositions de la Loi de transition énergétique votée en 2015 concernant le tri à la source des biodéchets. En outre le code de l’environnement donne la priorité à la réduction des déchets et instaure la hiérarchie des modes de traitement.

Investir dans un TMB, destiné à recevoir les déchets bruts mélangés issus de la collecte des OMR (ordures résiduelles), empêcherait le développement indispensable en Corse du tri à la source et de la valorisation « matière ». Imposer une telle usine mobiliserait des financements sur un projet qui ne serait pas opérationnel avant 4 ou 5 ans minimum, voire davantage. Ce n’est assurément pas la solution pour résoudre l’urgence de la crise actuelle !

Zeru Frazu reste mobilisé pour dénoncer de tels projets coûteux et inutiles, allant à l’encontre de la méthode qui a fait ses preuves partout où elle est en place à travers le monde :

  • Tri et collecte séparée des différentes catégories de déchets recyclables et en particulier des biodéchets (ménages, cantines, restaurants, etc.)
  • Traitement par compostage des biodéchets collectés séparément 
  • Tarification incitative : c’est la base d’une gestion inspirée de la démarche Zero Waste, Zéro Déchet, Zéro Gaspillage.

Notes :
(1) Membre de la délégation, non intervenant à la session de formation.

(2) L’ADEME conditionne les aides aux collectivités corses désireuses de mettre en place la tarification incitative à la participation au voyage d’étude qu’elle organise les 17 et 18 mai 2017 en Vendée avec le Trivalis.


Pour aller plus loin :

Collection Théma du ministère de la l’Environnement
Efficacité de la tarification incitative

Analyses de Zero Waste France :
Les TMB « dernière génération » : des usines à produire du combustible.
Paquet économie circulaire : le tri des biodéchets devient une priorité en Europe en 2023.



          
        

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