Les fausses bonnes idées  : Tri mécano biologique et préparation de Combustible solide de récupération

Dossier spécial. Engagée dans la démarche vers une société zéro gaspillage, zéro déchet, l’ONG Zero Waste France publie un dossier concernant les usines « dernier cri » de Tri mécano biologique (TMB) et de préparation de Combustible solide de récupération (CSR).  Cette étude approfondie démontre, chiffres à l’appui, que le tri industriel sur ordures en mélange n’est pas performant et que la valorisation énergétique du CSR nous ramène à la dangereuse incinération !

L’étude de Zero Waste France concernant les usines « dernier cri » de Tri mécano biologique et de préparation de Combustible solide de récupération tombe à point nommé en Corse. En effet, notre région est en train de s’orienter vers ce type de choix pour traiter les ordures ménagères résiduelles (OMR). À savoir environ 80 % du gisement des déchets ménagers non triés, faute d’une bonne organisation et de volonté politique. L’éclairage des experts de Zero Waste met en lumière la dangerosité d’un tel choix.

Particulièrement risqué financièrement, ce choix est antinomique du tri à la source qui, lui seul, permet de tirer profit de la valeur des matières contenues dans nos poubelles par le recyclage. Il ne permettrait donc pas la réduction des déchets et entraînerait toujours des pollutions par la mise en décharge ou l’incinération. La Corse a refusé massivement l’incinération dès 2006. L’abandon de tout traitement thermique en 2008 a été officialisé définitivement en 2010 par le vote d’une délibération de l’Assemblée de Corse.

La prévention et le recyclage n’en sortent pas vainqueurs

Sur la base de données et informations recueillies auprès des industriels et des collectivités, cette analyse aborde les performances des usines de TMB dernière génération et met en évidence ce qui en sort vraiment, les taux de recyclage, etc. Ces usines, qui prétendent trier le contenu des sacs noirs, séparent par cribles rotatifs la partie fine et humide des déchets de la partie grossière. Pour justifier leurs faibles performances, on vante aujourd’hui leur capacité à produire du combustible (CSR). Le mélange composé de papier, carton, plastique, bois, textile, mais aussi de déchets toxiques divers, est broyé, après dé-ferraillage et séchage.

Brûler du CSR pour produire de la chaleur ou de l’énergie ? Cela ressemble étonnamment à l’incinérateur baptisé « Unité de valorisation énergétique » (UVE) !

Cette filière CSR encore expérimentale est au demeurant fortement poussée par des fédérations d’industriels comme la Fnade (Fédération nationale des activités de la dépollution et de l’environnement).

« La prévention et le recyclage n’en sortent pas vainqueurs, loin s’en faut, malgré les affirmations des exploitants et industriels, donnant jusqu’à « 90% de déchets valorisés… » […] « cette filière de production de CSR issus des usines de TMB ne doit donc pas se développer, au risque d’entraîner les collectivités concernées dans une nouvelle série de mauvais choix, ne leur permettant pas d’atteindre l’objectif de 65% de recyclage en 2025». […] « La loi pose clairement que la priorité est aujourd’hui de progresser sur le tri à la source des recyclables et des biodéchets. » peut-on lire dans les résultats d’enquête publiés par Zéro Waste France.

La solution pour la Corse

Qu’en conclure pour la Corse ? Que les équipements à mettre en place d’urgence sont :

  • des plateformes ou usines de compostage pour déchets verts de jardin et biodéchets de cuisine ;
  • une unité de tri des déchets secs pour le Sud ;
  • des déchetteries plus nombreuses et accessibles pour l’apport des encombrants et les déchets dangereux.

Cela implique évidemment la réorganisation de la collecte séparée des différentes catégories, dont tous les biodéchets, par les communautés de communes ou d’agglomération et une tarification incitative, inscrites dans la loi de Transition énergétique.


 

ALLER PLUS LOIN

La lecture sur le site de Zero Waste France des trois articles (dans l’ordre) est conseillée :

Introduction au sujet. les TMB « dernière génération » : des usines à produire du combustible ? Quésaco

Statistiques détaillées de 3 usines de TMB (Haute Loire, Ain, Drome), graphiques à l’appui

Analyse avec les données disponibles de la filière CSR. Les combustibles solides de récupération issus des TMB, faire du neuf avec du vieux ?

 

 

Vous aimerez aussi...